Eugène de Rastignac, issu d'une famille de petite noblesse provinciale, venu étudier le droit à Paris depuis les environs d’Angoulême, habite une modeste chambre dans la pension de madame Vauquer, rue Neuve-Sainte-Geneviève. Il y fait la connaissance de Goriot, un bourgeois retiré des affaires, un marchand de vermicelle enrichi sous la Révolution par des spéculations, et celle de Vautrin, un forçat évadé en lutte, silencieuse mais implacable, contre l'ordre social. Il y croise en outre Victorine Taillefer, une jeune fille abandonnée par son père, et se lie d'amitié avec Horace Bianchon, futur médecin. Par sa cousine, la vicomtesse de Beauséant, il s'introduit dans la haute société du faubourg Saint-Germain, y commet ses premiers faux pas en y gagnant son expérience, rencontre les filles de Goriot qui ont fait d'excellents mariages : la comtesse Restaud et la baronne de Nucingen, dont il devient l'amant.
Locataire de Mme Vauquer, protecteur de Goriot, protégé de Vautrin, ami de Bianchon, confident de Mme de Beauséant, soupirant d'Anastasie de Restaud, prétendant de Victorine Taillefer, amant de Delphine de Nucingen, Rastignac établit le contact entre les personnages et leurs intrigues, entre les lieux et les scènes multiples du roman dont l'histoire se fragmente en un drame à plusieurs destinées qui se croisent et se rejoignent sans s'opposer.
Roman de formation ou histoire de l'ascension sociale d'un jeune homme (Rastignac), histoire de la déchéance d'un père trop aimant (Goriot), de la chute d'une grande dame (vicomtesse de Beauséant), de l'arrestation d'un révolté (Vautrin), histoire d'une pension bourgeoise (celle de madame Vauquer) qui se vide d'un coup de tous ses locataires – selon le point de vue –, le roman entretisse étroitement toutes ces dimensions.
Personnages :
Liste des 48 personnages reparaissant du Père Goriot :
La marquise Julie d'Aiglemont ; marquis Miguel d'Ajuda-Pinto ; vicomtesse de Beauséant ; vicomte de Beauséant ; Horace Bianchon ; Lady Brandon ; duchesse de Carigliano ; Derville ; marquise d'Espard ; comtesse Ferraud ; Fil-de-Soie ; madame Firmiani ; colonel Franchessini ; princesse Galathionne ; Gobseck ; Gondureau ; Goriot ; famille Grandlieu ; Jacques (valet de chambre) ; comtesse de Kergarouët ; duchesse de Langeais ; madame de Lanty ; marquise de Listomère ; Henri de Marsay ; duchesse Diane de Maufrigneuse ; baron Auguste de Maulincour ;Maurice (serviteur) ; mademoiselle Michonneau ; marquis de Montriveau ; baron de Nucingen ; Delphine de Nucingen ; Poiret ; baron et baronne de Rastignac (parents d'Eugène) ; Eugène de Rastignac ; Laure de Rastignac (soeur d'Eugène) ; monseigneur Gabriel de Rastignac (frère d'Eugène) ; comte de Restaud ; Anastasie de Restaud ; Berthe de Rochefide ; marquis de Ronquerolles ; comtesse de Sérisy ; comte de Sérisy ; Jean-Frédéric ; Taillefer ; Victorine Taillefer ; Thérèse (femme de chambre) ; comte Maxime de Trailles ; famille Vandenesse ; Vautrin.
De ce paysage onomastique, retenons quelques figures, qui crèvent la page, et prennent chair et sens dans ce roman, trop riche, où trois « monstres sacrés » paraissent se disputer le premier rôle, Goriot, Rastignac et Vautrin (alias Jacques Collin).
– Jacques Collin : il a 40 ans en 1819. Il a fait de bonnes études chez les oratoriens, avant d'être envoyé au bagne pour un crime de faux dont il se laisse accuser pour sauver un très beau jeune homme. Sa vie bascule, il devient Trompe-la-mort, trésorier des bagnes et exerce son activité depuis la pension Vauquer, sous le nom de Vautrin. C'est Lucien et non Rastignac qui lui appartiendra (Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes). Sa réapparition en Carlos de Herrera sera spectaculaire.
– Jean-Joachim Goriot : il a près de 70 ans en 1819. Il a fait partie des « accapareurs » pendant la Révolution, et fait fortune en spéculant sur les farines. Retiré à la Maison Vauquer, il devient « le père Goriot » et, pour le narrateur, « le Christ de la paternité ». Divers personnages en conservent, ailleurs, le souvenir.
– Eugène-Louis de Rastignac : né à Rastignac, dans la Charente, la même année que Balzac, en 1799. Son parcours dans La Comédie humaine au-delà du Père Goriot ne va pas sans quelques difficultés d'identité. On peut néanmoins le suivre jusqu'en 1845 : il aura fait carrière (de manière foudroyante dans Le Député d'Arcis) et finira, dans Les Comédiens sans le savoir, pair de France et ministre de la Justice, avec 300 000 livres de rente.
– Mme VAUQUER : bien sûr, née de « Conflans » ; on ne saura jamais s'il s'agit d'une filiation ou d'une origine. Madame Vauquer a deux âges : le sien (une cinquantaine d'années) et celui qu'elle accepte, bien moindre... Mais la maison « Pension des deux sexes et autres » est elle aussi, comme on dit, un « personnage » !