Quelques thèmes principaux dans Antigone
La solitude :
La solitude d’Antigone :
Dès le début, le Prologue nous annonce qu'Antigone va « se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon ». Antigone espérait l'aide de sa soeur pour ensevelir son frère mais Ismène a renoncé : « Nous ne pouvons pas [...] Il nous ferait mourir ». Ismène la traite de folle : « J'ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle ».
Sa nourrice ne la comprend pas non plus : « Elle est fiancée et à quatre heures du matin elle quitte son lit pour aller courir avec un autre », elle s'efforce de prendre soin de sa santé : « je suis là comme une idiote au lieu de lui donner quelque chose de chaud ».
Créon non plus ne peut expliquer le comportement d’Antigone: « Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? Pour les autres, pour ceux qui y croient ? Pour les dresser contre moi ? [...] Ni pour les autres, ni pour ton frère ? Pour qui alors ? »
Le dialogue souligne l’impossible communication avec les personnes qui entourent Antigone ; c’est un dialogue de sourds. Mais Antigone est aussi isolée pour par son entêtement, par sa décision de ne pas comprendre les autres : « Je ne veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et mourir ». Ce n’est qu’au moment où elle meurt qu’elle exprime le besoin de chaleur humaine : « Deux bêtes se serreraient (…) je suis toute seule ».
La solitude de Créon :
C’est le Prologue qui le présente aussi : « Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lu. ». Sa femme Eurydice ne lui parlera pas, « elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir »
Pour accomplir son devoir, il ne compte que sur lui :
« Mais Oedipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place » ; « Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée ».
Lorsque Antigone est en train de mourir, Hémon le supplie et il répond : « On est tout seul, Hémon. Le monde est nu ». A la fin de la tragédie, le Choeur dit à Créon qu'il est seul, sa réponse est : « Tout seul, oui »et il continue sa « sale besogne » ...
Le bonheur :
Dès le début Ismène parle du bonheur à Antigone :
« Ton bonheur est là devant toi et tu n'as qu'à le prendre. Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle... » , puis c'est au tour d'Hémon : « C'est plein de disputes un bonheur »
Créon lui parle du bonheur : « Tu va me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n'est pas peut-être tout de même que le bonheur ».
Antigone réagit, perdue : « Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ? »
Elle veut rester jeune : « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! [...] Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! [...] Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite » ; elle refuse la médiocrité : « Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, [...], alors je n'aime plus Hémon! ».
Autres thèmes :
L’enfance : le mot « petit » est cité plus de 70 fois dans la pièce (« la petite maigre …ma petite sœur…petite hyène …petite bête…).
Le suicide : Antigone, ayant d’abord choisi de dire non à Créon, dira finalement non au bonheur, et non à la vie.